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Lettres persanes

Lecture musicale d'après l'oeuvre de Montesquieu

Avec : Alain Chaniot (lecture), Érik Baron (univers musical)
Durée : 1 h


En 1721, paraît une « espèce de roman », dont l’auteur anonyme déclare dans l’introduction n’avoir fait que traduire une correspondance. Le roman va rencontrer un vif succès et l’auteur est démasqué : il s’agit de Charles Louis de Secondat, Baron de La Brède et de Montesquieu. Roman épistolaire, les Lettres persanes racontent les péripéties et les réflexions de deux Persans fortunés qui quittent Ispahan pour séjourner près de neuf ans à Paris, entre 1711 et 1720.

Au coeur de cet échange, la vie du sérail et les aventures de son puissant seigneur, Usbek. Il a laissé derrière lui un harem occupé par des femmes superbes, encadrées, surveillées par des eunuques plus ou moins complaisants. Mais dans ces Lettres, nous suivons surtout le parcours d’Usbek et Rica. Usbek est le plus âgé et le plus sage : c’est un homme éclairé, qui se fie à sa raison, et qui n’est pas poussé par la seule curiosité mais qui cherche aussi à fuir le despote et la cour qu’il déteste. Rica, lui, est plus vif et plus sociable : ethnologue avisé, assez désabusé aussi, il accorde peu de foi à l’humanité, même si au fil des lettres, il se montre de plus en plus séduit par les moeurs de Paris.

Le roman épistolaire a donc un double intérêt : on y découvre la vie des Persans dans un Orient fantasmé par le regard européen, à travers la vie d’un harem dont l’auteur grossit le trait de l’exotisme. Et, à travers le regard ébahi de deux voyageurs, on redécouvre aussi nos moeurs.

Montesquieu est un précurseur des Lumières. En effet, les Lettres persanes participent à la contestation des abus de pouvoir et à la volonté de fonder une société plus juste. Elles proposent une réflexion politique et la satire de la monarchie absolue de droits divins, ainsi que celle du pape et de la hiérarchie ecclésiastique. Montesquieu y critique également les moeurs de ses pairs : des passants toujours pressés aux caprices de la mode, la société française apparaît comme une société du paraître où les relations humaines sont fondées sur l’intérêt, la séduction, la domination et la duperie.

Comme l’écrit Rica : « nous ne jugeons jamais des choses que par un retour secret que nous faisons sur nous-mêmes. » (lettre 59). Ce regard étranger permet d’envisager une autre pensée que la sienne, d’autres moeurs, d’autres cultures ; c’est un miroir tendu aux lecteurs. Sur les 161 lettres imaginées par l'auteur, une quinzaine seront données à entendre, privilégiant la thématique de l’altérité et du regard de l’étrange étranger.